Édito

Notre précédente exposition, en 2013, abordait les questions urbaines en Afrique. Cette fois, nous changeons de continent, pour observer Dallas -USA-, ville jumelée à Dijon.
Chaque projet que nous portons a pour ambition de mener une analyse culturelle, sociale et modeste d'une population à travers le prisme de la ville, ses formes, ses modalités d'apparition, sa croissance, son niveau de violence.... Nous pensons que les formes urbaines racontent beaucoup du peuple qui l'habite. Nous pensons également qu'elles génèrent des comportements. Ainsi, on ne vit pas de la même façon dans une ville parcourue en voiture ou à pied, avec une surface moyenne bâtie par habitant de 5 m² ou de 45 m², avec un habitat majoritairement collectif ou individuel, avec une forte ou une faible densité de population ….
La production urbaine nous raconte également le rapport qu'un peuple entretient avec son pouvoir. Lorsque la société civile est l'acteur principal de la production urbaine, situation la plus fréquente dans le monde, la ville n'aura pas les mêmes formes, architectures, ambiances qu'une ville où la municipalité maîtrise parfaitement le plan, les enjeux financiers, l'espace public.

Dallas, « Big D », comme « Big Dallas », est une expression employée par ses habitants. Dallas, ville de pionniers fondée en 1841, a été le siège de la création en 1855 d'un phalanstère fouriériste, nommé La Réunion. 350 français sont arrivés, alors que la population du village n'était que de 250 habitants. C'est le fret ferroviaire et le pétrole qui ont permis à Dallas de se développer. Aujourd'hui, cette ville de 1,3 millions d'habitants, où la maison individuelle règne en maître, s'inscrit dans une agglomération de 7 millions d'habitants dont le flux migratoire, massif, fait entrer dans la ville plus de 100 000 personnes chaque année, sans compter les clandestins - peut-être 10 ou 20 000 - et l'accroissement naturel dû à la natalité…. Trois communautés forment 98 % des habitants – plus ou moins 40 % de latinos, 30 % de blancs et 30 % d'afro-américains.

Le regard que nous portons sur cette ville, très peu dense et agréable à vivre, nous permet de nous interroger sur le nouveau dogme à l’œuvre actuellement en France, la densification urbaine. Chaque modèle ayant ses avantages et ses inconvénients, nous essayerons de les traiter au-delà de l'idéologie. Il nous permettra également de nous interroger sur la place de la société civile dans la production et la gestion urbaine beaucoup plus présente aux USA qu'en France. Cette exposition, au-delà du travail analytique, proposera beaucoup d'images d'auteurs contemporains et des photos d'archives.